Jerez
est le circuit du programme du VTC le plus éloigné de l’atelier
situé à Villiers sur marne, en région parisienne. 1850 kilomètres
en camion impliquant un départ le mardi soir, l’ensemble du
team, dans son intégrité, n’est pas en mesure de partir ensemble.
Pour ma part, je suis arrivé le mardi matin à Séville et, visite
de l’Andalousie oblige, j’ai choisi de ne rallier le paddock
qu’en fin d’après-midi, sous un ciel finalement assez chargé,
manquant ainsi les deux séances d’essais libres sous l'oeil
du fameux Tio Pépé.
Tout
ce préambule, quelque peu hors sujet et pataud, pour en arriver
à poser la question : « à quoi servent les séances d’essais
libres?», L’interrogation est simple, voire naïve, mais la réponse,
sans être complexe, est pour le moins multiple.
Pour le pilote, celles-ci permettent soit « d’apprendre le circuit
» (trajectoires, points de corde, repères de freinages, adhérence
de la piste, etc), soit de se le remémorer. Dans le cas présent,
Steven avait tourné une fois en 2007 avec la Red Bull Academy
et Richard débarquait en terrain vierge.
En ce qui concerne les motos, les « Free Practices » sont indispensables
pour les adapter aux conditions du week end. En effet, si chaque
team possède des données afférentes à chaque tracé (rapports
de boîtes, démultiplication, réglages de suspensions et de moteurs),
seuls un débriefing avec le pilote et une analyse rigoureuse
des datas fournies par l’acquisition peuvent permettrent de
faire descendre les chronos de façon cartésienne. On comprend
aisément que la tâche est tout sauf aisée pour un « Track Rookie
» comme Richard, même s’il peut, en partie profiter de l’expérience
et des réglages de son aîné.
En l’occurrence, quand j’arrive le soir, la mine réjouie par
les souvenirs encore bien présents de l'énigmatique pays des
cigognes du delta du Guadalquivir (trouvez les treize paires
d'yeux qui vous regardent), je suis le témoin d’un très long
travail sur les rapports de boîtes.
Non pas matériel (il suffit d’une trentaine de minutes pour
changer les rapports) mais un travail d’étude, de calcul, de
simulation et de réflexion. Bref, je sens bien qu’il vaut mieux
que je ne narre pas trop les beautés cachées du fleuve Andalou
à une équipe particulièrement studieuse…
Le samedi matin, on affine mais les choix principaux sont figés
car il n’y a que peu de temps entre les deux séances, comme
presque toujours en Espagne.
Le compte à rebours routinier peut commencer... Couvertures
chauffantes, au moins une heure avant le départ et sortie des
motos...
Ajustement
de carburation...
Chauffe moteur...
Départ dans la pit-lane...
Pour
être premiers au feu vert, la météo n'étant pas sûre!
Steven, globalement satisfait de sa moto, fait le 16 ème temps
et Richard le 25ème en 1.54, temps très honorable pour un «
primo participant » lors d’une séance écourtée par la pluie
à dix minutes de la fin.
Pour l’après-midi, outre le nettoyage complet et la vérification
de tous les éléments, on se limite à des ajustements de suspensions
et des réglages moteurs. Les pilotes descendent leurs temps
mais quasi tout le monde fait de même et, en fin de séance,
au moment de « taper un chrono », le drapeau rouge déployé suite
à une sortie de piste figera la situation et les espoirs d’améliorations
du team.
Steven partira donc en 16ème position, assez optimiste et confiant
dans sa machine, tandis que Richard, plus hésitant, s’élancera
de la 27ème place devant, toutefois, pas moins de dix autres
concurrents.
Le soleil matinal du dimanche ne laisse plus place au doute
: la course se déroulera sur piste sèche !
Sèche mais pas forcément très chaude. En effet, contrairement
à ce qui se passe en France, la « 125 », catégorie reine du
championnat espagnol, clôture les courses et se termine à midi
et demi, heure locale, donc 11h30 heure solaire.
Le Warm-up est très tôt et les moteurs crépitent dans une lumière
encore rasante.
]
A peine 15 minutes de mise en jambe..... on a donc adapté les
réglages moteurs en conséquence , le tout sous le regard impénétrable
de Karim...
A l'issue de l'ultime entraînement, on vérifiera à l’acquisition
que les motos se comportent en adéquation avec les dires des
pilotes.
A peine le temps de leur faire une petite beauté pendant que
les pilotes s'assouplissent puis c’est l’heure de partir pour
la pré-grille.
Une
fois encore, les consignes sont claires : le VTC n’ayant pas
encore le matériel pour jouer le titre du relevé championnat
espagnol, l’objectif est avant tout de progresser et, pour cela,
de terminer la course tout en prenant du plaisir à piloter non
loin de ses limites mais en gardant TOUJOURS une marge de sécurité.
Il faudra aussi éviter le, ou les, pièges du premier tour, dans
un pays où les pilotes ont le sang particulièrement chaud et
où les intérêts des gros teams sont autant sportifs que financiers…
11h43
: Karim est seul dans le box, son sourire dissimulant mal sa
nervosité...
11h45 : Le team, à droite, a confié ses espoirs dans les mains
des pilotes, seuls, à gauche...
"Bon sang ne saurait mentir" et, dès les premiers mètres, Richard
devra stopper pour éviter de justesse un concurrent ayant calé,
arrivant ainsi dernier dans la première courbe, endroit où Steven
a pu observer le spectaculaire envol de la meilleure Honda HRC
du plateau juste devant ses roues, après, une fois de plus,
un excellent départ (7ème au premier virage)...
L'envol
de l'Espagnol scindera le peloton en deux parties jusqu'à
la fin de la course.
Ensuite,
les deux pilotes du VTC feront chacun une sage mais constante
remontée, chacun s’appliquant à ne pas faire d’erreur.
Richard terminera isolé, devant et derrière, mais Steven devra
batailler jusque dans le dernier tour pour "rammarrer" le groupe
le précédant et y passer deux concurrents avant le drapeau
à damiers.
Leur application sera récompensée par une très belle 9ème place
et une honorable 23ème place (sur 37), l’essentiel étant, dans
le cas présent, d’être passé sous le drapeau à damiers pour
la première fois de la saison, de prendre du plaisir et d’apprendre.
Le team est satisfait de son déplacement et laisse retomber
la pression en s’accordant quelques rares instants de détente
pour regarder une course de moto à la télévision ; vous avez
dit «passionnés» ?
Ces premiers points en CEV, acquis dans des conditions normales
de course, sont très encourageants et porteurs d’espoir pour
la prochaine manche, le 12 juillet sur le sinueux circuit de
Valencia.
Allez, il est temps de remballer et de rejoindre la région parisienne...