29 avril 2008: quelques heures au Mans...

 

Invité par mon ami Karim, manager du VTC, j'ai eu le plaisir de vivre quelques heures très denses d'un team de compétition lors de la première manche du championnat de France open.

J'arrive vers midi, c'est-à-dire peu après la fin de la première séance d'essais chronométrés.
D'emblée, je comprends qu'il va falloir oublier l'image des copains déconneurs qui partageaient mon ancien atelier pour intégrer qu'il s'agit maintenant de vrais professionnels.
Camion porteur de taille maximum équipé de couchettes, douche et cuisine plus une camionnette trônent fièrement dans le paddock.

Je rentre par la petite porte des stands et découvre un local parfaitement ordonné. Le stand a été divisé en deux parties, la première donnant directement sur la piste est délimité par des panneaux aux couleurs jaunes et bleues du team et contient 4 machines sur leur table de travail ainsi que leurs servantes, la seconde, séparée par une cloison, sert de bureau et de réserve de pièces détachées.
La propreté est omniprésente, comme en témoigne la moquette bleue immaculée qui recouvre le sol.

L'atmosphère est optimiste puisque la première machine du team, bien qu'à plus d'une seconde), a réalisé le deuxième temps de la séance d'essai et j'en profite pour aller voir les machines.
Certes, il ne s'agit " que " de 125 cc mais on ne fait pas les choses à moitié: malgré le deuxième temps réalisé, on démonte cylindres et pistons (pour en vérifier l'état et s'assurer que le segment n'est pas collé) ainsi que les boîtes de vitesses pour peaufiner l'étagement avec le tracé du circuit. Impressionnant !

La machine la plus performante se voit aussi dotée d'un nouveau train de pneus pour la prochaine séance qui s'annonce à 15h15. Chaque machine étant managée par son propre mécanicien, il y a peu de paroles dans le stand et chacun fait ce qu'il a à faire, avec minutie et sans précipitation.

A l’extérieur, les haut-parleurs commentent les prestations des SuperBikes en résonnant sur les tribunes mais cette ambiance si caractéristique des circuits ne distrait pas le moins du monde notre équipe. Les pilotes mettent la main à la pâte puis s'alimentent et s'hydratent.

Il existe une sorte de hiérarchie tacite car deux d'entre eux ont déjà une expérience, soit du championnat, soit des deux-temps, alors que les deux autres sont là pour apprendre ; d'ailleurs, à 14 ans, il est normal que l'on ait encore à apprendre, même s'ils ont déjà plusieurs années d'expérience en quatre-temps.

J'essaie de ne pas les déranger et peu à peu les machines se retrouvent dans leur configuration définitive, à l'exception des carénages qui ne sont pas ceux de course, juste au cas où une chute se produirait lors des essais…
On verra plus loin que cela est le fruit de l'expérience acquise lors des années précédentes.

Toutefois, cela n'empêche pas de faire briller les motos, propres comme des sous neufs. Vers 13h30, on range les tables et on sort les machines devant le stand, ce qui permet aux pilotes de commencer à se préparer, mais aussi à Karim de parler à la presse.

Avec plusieurs années de management derrière lui, celui-ci est maintenant une figure des paddocks et son professionnalisme reconnu (il commente d'ailleurs les GP 125 sur Eurosport).

Détail révélateur, pendant ce temps, on passe l'aspirateur sur la moquette…
Les pilotes revêtent leur cuir et commencent des exercices d'assouplissement durant de très longues minutes.

 

 

Celui qui a réalisé le deuxième temps, Steven Le Coquen, est très tendu car il sait que les KTM et Aprilia sont plus puissantes et qu'il sera très difficile pour des Honda compétition-clients d'aller les chercher.
Au bout d'un moment, il s'isole derrière sa visière chromée.
Les autres qui, pour le moment, sont 10ème, 19ème et 24ème ont moins de pression et sourient aux blagues de potaches lancées par leurs mécaniciens.

J'aide à la mise en route des moteurs (en faisant tourner la roue arrière à la main) et les mécaniciens commencent à faire chauffer les moteurs à coups de brèves accélérations sonores mais progressives.

Au bruit et à l'odeur de l'échappement, ils savent si les réglages sont corrects mais surveillent constamment la température et l'hygrométrie ambiante.

J'éprouve une petite déception en constatant que l'échappement ne dégage pas l'odeur si caractéristique de l'huile de ricin brûlée qui a bercée mon enfance. On a sans doute dû faire des progrès depuis !
Je profite cependant du bruit d'un deux-temps de compétition, pendant qu'il est encore temps…

Quinze minutes avant le départ, on change encore des gicleurs pour s'adapter à un ciel un peu plus nuageux, avec des gants, s'il vous plaît…

Karim rentre dans le stand et forme un cercle avec les pilotes pour une séance de motivation psychologique.
Au niveau tactique, il envisage de lancer son premier pilote dans les roues du plus rapide de la première séance d'essai pour profiter de son aspiration…


15h15 : c'est l'heure de retirer les couvertures chauffantes et de partir.

Le stand est maintenant complètement désert, chaque mécanicien faisant office de panneauteur pour son pilote.

Karim reste devant l'écran qui distille les temps. Les " petites " 125 atteignent 218 km/h au bout de la ligne droite de ce mythique circuit !

Peu à peu, les mines s'allongent car si les temps descendent très légèrement, les positions reculent…

 

L'avertisseur sonore d'entrée dans la pit lane retentit car les premières machines rentrent pour remettre de l'essence.

Le pilote numéro deux, Robin Barbosa, rentre après une chute, le cuir marqué et c'est le seul moment où les mécaniciens travailleront ensemble, et dans une certaine précipitation; on démonte le carénage, vide tous les graviers, donne une tape sur le dos du pilote et c'est reparti!

Durant ce temps, on ravitaille les machines, une à une, et sur l'ordre de Karim, les mécaniciens en profitent pour toucher les pneus et constater que les temps moyens sont parfois dus à un manque d'attaque des débutants dans la catégorie : " ton pneu avant n'est pas assez chaud ! Tu dois forcer ta machine, la brusquer ! ". lance Vinh (que quelques Tmaxeurs connaissent déjà) à son pilote.

 

La tactique de Karim concernant son premier pilote ne peut être mise en place et est remplacée par un petit rappel : " tu n'as pas besoin de lui ! Tu sais que tu es aussi rapide en pilotage. Vous avez tourné ensemble tout l'hiver ! Fonce ! "

Retour devant l'écran et au panneautage mais c'est un peu la soupe à la grimace car les choses n'évoluent guère. Les visages sont crispés et plus personne ne sourit.

Deuxième chute pour la deuxième machine mais cette fois elle ne repartira pas (sélecteur et cale-pied tordus)…

Fin de la séance et le couperet tombe ! Malgré une amélioration de 2/10, la machine de Steven a rétrogradé à la quatrième place. Même si Robin est passé de la dixième place à la huitième, on sent une petite déception chez tout le monde.

Karim, en vieux guerrier, fait bonne figure face à la presse en mettant en avant un départ en première et deuxième ligne… Intérieurement, il réfléchit déjà à la suite du programme !

Sitôt les motos revenues du contrôle technique, les mécaniciens branchent les ordinateurs pour acquérir les données mécaniques qui leur seront utiles (détonation) puis transmettent les données utiles aux pilotes (vitesse, freinage, etc ).

Ceux-ci se changent puis passent un très long moment à analyser leurs performances à l'intérieur du camion en essayant de comprendre à quel endroit du circuit ils peuvent améliorer leur pilotage en comparant les relevés de courbes.
L'atmosphère est studieuse et l'on se croirait plutôt dans une bibliothèque que sur un circuit…

Pendant que l'on prépare le repas de soir, les mécaniciens remettent les machines en ordre pour le warm up du lendemain et terminent en montant des pneus et des carénages neufs.
Pour l'ensemble du team, la soirée sera finalement très longue puisque pour pallier aux performances moyennes, Karim leur imposera, outre son coaching psychologique, une analyse très longue de l'acquisition de données, des conseils de pilotage par un ancien pilote du team qui évolue maintenant dans une cylindrée supérieure, et même un tour du circuit à pied pendant la nuit… Tout ce petit monde travaillera ainsi jusqu'à deux heures du matin.

La chance souriant aux courageux, la pluie s'invitera au rendez-vous, atténuant les différences de puissance, faisant tomber le favori aux " esses bleus " et offrant une magnifique victoire et la tête du championnat à Steven. Morgan, après ses mésaventures des essais, se rattrapera en course et sera distingué en tant que junior.

Le week-end, commencé jeudi matin, s'achèvera le lundi par le déchargement du camion, à quatre heures du matin, soit quelques heures avant que chacun ne reprenne qui son métier, qui ses études… On prendra quand même le temps de boire le champagne que la superstition empêche d'emmener sur un circuit

A tout le team VTC, Chapeau bas, messieurs !

Marc

 

Si vous voulez les encouragez, voici les prochaines courses :

2. Nogaro (32) : samedi 26 et dimanche 27 avril

3. Le Vigeant (86) : samedi 24 et dimanche 25 mai

4. Ledenon (30) : samedi 14 et dimanche 15 juin

5. Albi (81) : samedi 5 et dimanche 6 juillet

6. Magny-Cours (58) : samedi 19 et dimanche 20 juillet

7. Ledenon (30) : samedi 6 et dimanche 7 septembre

 

Et le 17 et 18 juin au Mans, pour le Grand Prix de France!