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Championnat d'Europe à Albacete (Espagne) - 12 octobre 2008

 
   

MERCREDI :

Pour une fois, je ne choisis pas la « facilité » et j’accompagne le team VTC depuis le début jusqu’à la fin de son périple d’un week-end de course.
Fini donc les voyages touristiques en deux-roues et les hôtels confortables, je serai avec le team de l’atelier à l’atelier, c'est-à-dire environ une semaine d’un déplacement qui s’annonce peu reposant puisqu'entre temps, nous serons passés par Albacete, province de Castilla-La Mancha, où se déroule le championnat d’Europe.
En attendant, on commence par charger le camion, c'est-à-dire environ deux heures de manutention, histoire de se mettre en forme de bon matin.
Un voyage de 1700 kilomètres en camion, pour ceux qui ne le sauraient pas, c’est long, très long : 26 heures d’un voyage entrecoupé seulement de pauses « hygiéniques » de quelques minutes sur des aires d’autoroute…

 

JEUDI :

Tiens, une entreprise dont les couleurs se marieraient bien avec celles du VTC !

L'Espagne et ses sympathiques mosaïques...

A l’intérieur, on refait le monde, surtout celui de la moto, on analyse, on essaie de prévoir, mais la petite tension familière d’un week-end de course est bien présente, alors on s’amuse en chahutant pour évacuer la pression, puis on finit par dormir quelques heures d’un sommeil pas vraiment réparateur. (Steven et Steph, alias svtce sur le forum)

Les kilomètres défilent doucement et, jeudi midi, c’est enfin l’arrivée sur le circuit espagnol.

La Dorna a invité les cinq premiers des divers championnats nationaux ; tout en s’installant, on constate tout de suite que les moyens des Espagnols, des Italiens et des Néerlandais n’ont rien à voir avec ceux qui disputent le championnat de France…

Semi-remorques rutilantes et hospitalities sont quasi au niveau de ceux des MotoGP et reflètent bien l’argent investi dans les motos elles-même!

Question d’intérêt national et de culture sportive...
Pas grave, la passion anime tous les participants et les pilotes français sont aussi motivés que les autres.


Le stand est tout petit et on doit le partager avec deux autres motos. Karim demande à l’équipe s’ils préfèrent monter le auvent dans le paddock afin d’avoir plus de place pour travailler. Finalement, vu le ciel chargé et le vent très violent, il semble préférable de s’abriter sous « du dur »…

Une fois le stand installé, Steven part reconnaître le tour de la piste pour en déceler les éventuels pièges, qui viendraient s’ajouter à ceux de la météo.

Le tout vient soigneusement compléter ses notes personnelles; il a déjà tourné ici, avec la MotoGP Academy, il y a plus d’un an.

La nuit tombe vite et surprend déjà les mécaniciens en train de faire une première chauffe...

... et d'affiner la position du pilote.

La soirée s’achèvera sous la pluie, alors que le vent baisse un peu d’intensité.

 

VENDREDI :

Vendredi matin, le soleil fait enfin une timide apparition.

A peine le temps de faire quelques photos et il est déjà parti, laissant place comme hier à un vent très violent. Puis il revient, accompagné d’un arc en ciel, puis repart… Autant le dire tout de suite, ce sera comme ça tout le week-end !

Steven s’échauffe avant d’entamer la première séance d’essais libres.

Durant de telles séances, on utilise souvent les vieux carénages et une vieille combinaison, au cas où…

Là, le radar indique 195 kilomètres/heure. A la fin des essais, la Honda du VTC dépassera largement les 200 et s’installera dans le haut de la hiérarchie des vitesses de pointe.

En attendant, on dégrossit les réglages avec quelques passages au stand.

A l’étranger, les français ont un peu tendance à communiquer davantage, sans doute face à l’adversité européenne, mais la visite de Madame Danielle, personnage incontournable du paddock, n’est pas une nouveauté !

Après la séance, c’est le débriefing de Steven (ainsi que le démontage de la culasse) qui orienteront le travail des mécaniciens. Le chrono est en 1.48, à plus de 10 secondes du temps réalisé par Steven dans de biens meilleures conditions.

Le vent gêne tous le monde et peut même se révéler dangereux.
Les autres motos, et en particulier les Aprilia, sont beaucoup plus bruyantes que l’ensemble des Français. On mettra donc un silencieux un peu plus petit.

La deuxième séance est assez rapprochée; pas le temps de manger pour les mécanos! Les pilotes, eux, se concentrent à nouveau...
Ici, Steven à côté de Micael Van Der Mark, champion des Pays-Bas 2008, qui partage le boxe avec nous.

C'est reparti; le chrono descend peu à peu en 1.43 à deux secondes des meilleurs.

L'important n'est pas d'essayer de faire un temps mais de ne pas tomber tout en faisant progresser la moto. A ce petit jeu, l'Italien Savadori est le meilleur.

Tous les Français s'appliquent et améliorent leurs temps. Cyril Carrillo...

Clément Dunikowski, champion de France 2006...

Jonathan Castillo...

Ornella Ongaro...

Et Steven Lecoquen!

La fin d'après-midi sera consacrée à l'analyse de l'acquisition de données, aux démontage et remontage du moteur et de la boîte de vitesses ainsi qu'au "nettoyage" de la machine. Un "nettoyage", en compétition, c'est ça!

La soirée se terminera dans le stand de Tony (mécanicien de GP, ici pour "Sebimoto" sur Aprilia) pour refaire le monde; surtout celui de la moto, d'ailleurs...

SAMEDI :

Le temps est toujours aussi médiocre et le vent est toujours aussi violent!

Les pilotes s'en plaignent car une rafale au moment de relâcher les freins et c'est la chute assurée. Steven n'est particulièrement pas à l'aise car il a vu chuter Lukas Sembera, le pilote de Tony, alors qu'il allait le dépasser...

Aussi, ce matin, on perce son carénage, surtout en dessous, pour éviter de délester l'avant de la moto (et surtout rassurer Steven).

Stéphane présente fièrement le travail de Florian!

Les magnifiques Honda Seel ont également percé l'avant...

... tout comme les KTM.

Allez, un peu d'assouplissement et de concentration (ici Jonathan Castillo) et c'est reparti!

Une Aprilia de l'Athletico de Madrid...

Aprilia Bancaja...

Honda HRC de Michael Van der Mark...

Aprilia TCR...

Tiens, le 14 n'a ni la prise d'air ni le carénage standart Aprilia...

Une Honda (qui ne se qualifiera pas) devant une Derbi...

Comme toujours en 125, les prises d'angle sont impressionnantes...

A la fin de la séance, Steven est qualifié à la 20ème place (37 qualifiés sur 42). Tous les français seront heureusement également qualifiés. Les temps sont assez éloignés de ceux réalisés lors des précédentes épreuves disputées ici-même (1.39 au lieu de 1.36 pour Steven) mais les conditions étaient loins d'être idéales...

Entre les deux séances, pendant que le pilote mange, on démonte le moteur sous l'oeil de Tony pour voir comment se comportent les petites modifications effectués dessus.
Le Team VTC développe perpétuellement sa machine et celà implique un suivi bien plus fréquent que sur une machine compétition standart.

L'après-midi, la piste est mouillée par une averse aussi soudaine que brève. Steven est tendu car le grip est vraiment très faible et le vent toujours aussi violent.

Jonathan bricole en vitesse une tenue de pluie.

Ornella patiente pendant que l'on termine sa moto... Notez le ruban adhésif pour boucher le dessous de selle et protéger l'acquisition de données.

Au bout de deux tours, Steven s'arrête pour faire boucher davantage ses ouies de refroidissement, repars et chute dans le tour de reprise, sans avoir aucunenement forcé... Heureusement, pas de bobo!

Beaucoup de pilotes chuteront également et tous se plaindront de l'adhérence précaire. A commencer par les deux Honda HRC (respectivement championne des Pays-Bas et championne d'Allemagne) situées à côté de nous.

Seule une petite poignée de "courageux", dont Jonathan et Clément, effectueront une séance complète, sur une piste finalement séchante...

Cyril, qui aligne en ce moment les kilomètres en avion et en moto, se qualifie en huitième position: toutes les raisons d'être content!

Au VTC, la journée se termine par une préparation psychologique encore plus poussée que d'habitude, pour essayer de compenser la séance perdue...

Les pilotes sont des garçons de 14 à 17 ans en moyenne, et il n'est toujours pas aisé de gérer le stress et le doute à ces âges là...

DIMANCHE :

Une petite anecdote... Dès mon réveil, un peu avant 8 heures, je sors du "camion-hôtel-atelier" pour satisfaire un besoin bien naturel (fumer, bien sûr). Quelle ne fut pas ma surprise de croiser Clément (Dunikowski) rentrer en sueur de son footing à une heure si matinale!
Respect pour tous ces jeunes qui ont déjà une motivation et hygiène de vie de professionnels...

Le ciel est presque noir et la piste humide quand les pilotes se préparent pour le Warm Up, mais le vent est tombé.

Si cela donne de magnifiques reflets sur la peinture chromées d'une Aprilia...

... cela semble laisser perplexe Jonathan!

Les KTM boys s'équipent en conséquence...

Clément est bien revenu de son footing...

Ornella attend sa moto...

Alors, pièces de GP, ou pas, sur la moto de Cyril?

Il est déjà temps de partir! Je me promets de parcourir tous les stands, cet après-midi, pour détailler tous les concurrents.

C'est parti, sur une piste très grasse et piégeuse!

Notez que le carénage a été changé et que le peintre s'est un peu lâché sur les dégradés...

Cela ne rivalise toutefois pas avec le carénage de course de Jonathan dont "le Team manager" est Catline...

A propos de fille, Ornella fait ce quelle peut mais n'a visiblement pas tout à fait la même machine que Cyril...

Durant le Warm Up, on n'est pas forcément censé faire "un temps" mais certains semblent penser que la course se déroulera sous la pluie et exploite leur machine au maximum: Savadori (meilleur temps)

Et Clément, 4ème temps, après s'être fait une "petite chaleur" dont je lui réserve la primeur des photos.

Steven commence à souffrir d'un problème de Shifter, peut-être dû à la chute d'hier, et fait le 16ème temps...

Juste devant Tutusaus, pilote de GP.

La séance s'achève et le soleil arrive...
Durant la pause, c'est l'occasion de parler un peu aux autres pilotes; il y avait 9 français engagés, 5 en 125, 2 en 600 et 2 en 1000.
Sur la photo, de gauche à droite, Jonathan Castillo et Steven Lecoquen (125), Cédric Tangre (SuperStock) et Mathieu Gines (SuperSport). Il manque Peter Polesson (SuperSport) et Thomas Metro (SuperStock ) mais j'ai encore quelques reportages à publier ultérieurement...

Les Français en action en 600...

...et en 1000!

Mais revenons à nos moutons...
"Moutons" très concentrés puisque c'est l'heure d'aller en pré-grille. Assouplissement ou prière?

A propos de superstition, certains semblent jeter un sort (victorieux)...

Karim est plus soucieux: le Shifter a-t-il été correctement réparé?

Apparemment oui, pas de souci dans le tour de placement...


On se place sur la grille.

De gauche à droite, Ludo, Stephane, Steven, Florian et Manuel notre mécanicien espagnol intérimaire!

Cyril

Le beau Tony et son équipe

Ornella

Catline du Team Xtreme et Jonathan

Pas le temps de prendre Clément, je dois aller me placer au premier virage!

Pendant le tour de chauffe, je saute sur le Zoomer, me place et attends...

A noter que Steven se place en dernière position; pourquoi? Pour éviter une surchauffe moteur sur la grille? Il nous le dira sans doute lui-même sur le forum...

Au loin, j'entends le bruit du départ. La meute arrive et je n'en crois pas mes yeux! Tout d'abord, Cyril, parti 8ème, est en 4ème position.
Bravo!

Mais surtout, Steven, parti 20ème et hypermotivé nous fait un départ extraordinaire, s'impose fermement mais sportivement, prend la corde et ressort du premier virage en 11 ème position, juste derrière Clément parti de la 13ème place!

9 places de gagné sur un freinage et un virage, je n'avais encore jamais vu ça!!!

Il passera même Clément le tour suivant pour s'emparer de la 10 ème place, laissant présager une remontée exceptionnelle...

Hélas, la chance sera contre les Français: Cyril, alors 3ème, recevra une pénalité l'obligeant à passer par les stands pour avoir bougé au moment du départ... Il finira dans un groupe d'acharnés, autour de la 10ème place, avec Clément, le pilote de Tony et le jeune Van der Mark (dont le père a gagné les 24 heures du Mans en 1984).

Clément devra relâcher la pression en fin de course, probablement à cause de son pneu arrière.

... et Steven verra son moteur ratatouiller dès qu'il ne sera à pas à pleine charge (Shifter?) l'obligeant à passer sur le rapport supérieur en sous-régime et ouvrir les gaz en grand pour atténuer le phénomène.

Tour après tour, tous ceux qu'il avait dépassés dans sa magistrale maoeuvre le doubleront, le reléguant ainsi à une anonyme 24 ème place.

Dommage, vraiment dommage!

Jonathan finira derrière Steven...

Et Ornella aura visiblement souffert, à une place qui n'est habituellement pas la sienne.

Une fois la ligne passée, on découvre des pilotes qui ont tout donné...

Alors que le représentant de la FFM, monsieur Lemaitre, vient consoler Steven qui regarde le podium.

Allez, le bilan n'est pas si négatif car Steven a prouvé, une fois de plus, qu'il pouvait se surpasser quand il le fallait. La vie continue et nous sommes en Espagne...

Un dernière visite de Madame Danielle et il faut déjà penser à partir.

Ne nous plaignons pas; certains viennent de bien plus loin que nous!

Une fois de plus, on ne peut avoir que le plus grand respect devant l'abnégation et la motivation des jeunes pilotes français et de leurs équipes.
Ils partaient tous avec un handicap face aux grosses structures étrangères mais ça ne les a pas empêché de se faire remarquer.

Cette fois, la chance n'était pas au rendez-vous mais la volonté et le travail viendront sans nul doute apporter les fruits espérés, tôt ou tard...

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