Allez,
c'est reparti ! Le Team VTC pose à nouveau ses roues sur le circuit
du Mans, cette fois pour le Grand Prix de France 2008.
Déchargement
du camion, installation du stand, vérifications techniques et
préparation de la moto occupent les journées du mercredi et du
jeudi.
Pour
cette occasion, la petite 125 arbore un numéro 52 dont le design
Vintage, s'il plaît aux anciens, ne fait pas l'unanimité chez
les plus jeunes…
Le
vendredi, la moto est moyenne et Steven ne trouve pas immédiatement
ses marques.
Le problème, c'est que la météo est annoncée pluvieuse pendant
tout le week-end et si la deuxième séance qualificative se déroule
sous la pluie, le pilote invité en " wild card " ne pourra faire
mieux que sa position actuelle, soit 35ème en 1.48.05…
Aussi, le samedi matin, alors que les mécaniciens finalisent les
derniers réglages pour la deuxième séance d'essais libres, les
yeux sont plutôt tournés vers le ciel du Mans, mi dégagé, mi nuageux,
mais jamais vraiment certain dans cette région.
D'ailleurs,
pour compliquer le tout, la session débute avec une piste
mouillée mais qui s'assèche rapidement.
Les
pneus " pluie " n'y résisteront pas !
Heureusement,
l'après-midi, pour la deuxième séance qualificative, la piste
est sèche.
La
machine tourne mieux et l'espoir renaît puisque Steven, très concentré,
tourne environ deux secondes plus vite que lors de la dernière
manche du championnat de France qui s'est déroulée ici même, il
y a moins de deux mois.
Suivre
sa progression demande un subtil jonglage entre les différentes
pages du moniteur ; images de la course, temps partiels, temps
au tour et position !
Certes, on est encore loin des performances des machines qui participent
au championnat du monde, mais la différence entre un simple moteur
compétition-client et un moteur " kité " de Grand Prix se paye
à un prix que le Team ne peut s'offrir.
Malgré
tout, l'équipe a trouvé un bon réglage et Steven, motivé par le
comportement de sa machine, donne tout ce qu'il peut en réalisant
finalement un temps de 1.46.6, en 31ème position sur 39, soit
mieux que ce que l'on pouvait espérer.
Respect
à Steven!
Le Team est content et la routine habituelle de préparation du
Warm Up du lendemain se passera dans un mélange de bonne humeur
et d'espoir de briller le lendemain. Cette routine est toujours
la même, entre deux roulages : analyse de l'acquisition de données,
démontage et nettoyage complet de la machine, changement de carénages,
démontage du piston pour analyser la combustion et les frottements,
réglages en conséquence, changement de pneus, etc…
Le
programme de Steven est différent : débriefing avec Karim et les
mécaniciens, massage et préparation physique, analyse des temps
et stratégie avec Mathieu Gines, pilote en SuperSport, avant un
bon repas avec le Team au complet.
Avant
d'aller se coucher, vers 21 heures, il testera les montées en
régime de sa moto, légèrement améliorées par de petites astuces…
En effet, très motivés par la qualification, les mécaniciens lui
ont en effet préparé une machine au mieux des possibilités d'une
compétition-client.
Apparemment, le résultat est probant !
]
Bref,
même si rien de spécial n'est à signaler, le méticuleux travail
se poursuivra tard pour les mécaniciens du VTC, alors que les
autres stands sont éteints depuis longtemps !
Minuit,
la machine est fin prête pour le lendemain...
Le
dimanche matin, à sept heures, le brouillard recouvre le circuit
et on se demande vraiment si le Warm Up ne sera pas annulé ou
reporté.
Il n'en est rien et, contrairement à la veille, toute l'équipe
espère la pluie pour la course, afin d'essayer de compenser la
différence de puissance entre la moto et les machines de Grand
Prix.
Steven essaie de tirer le meilleur de sa 125 Honda lors du Warm
Up et finit par chuter et sera ramené peu après par une des motos
d'intervention rapide de l'organisation.
Comme
souvent, et fort heureusement, ce n'est qu'une simple glissade
et cela fait partie des impondérables d'un week-end de compétition.
Il reste moins de deux heures avant la mise en pré-grille et les
quatre mécaniciens ne sont pas de trop pour remettre la machine
en état.
Sans
parler, chacun sait ce qu'il a faire et le fait. Le pilote, quand
à lui, ira chercher une nouvelle combinaison et essaiera de se
re-concentrer progressivement.
Les
représentants de la presse, en véritables professionnels, ne se
contentent pas de visiter les leaders de la catégorie mais s'intéressent
aussi à ceux qui ont moins de moyens…
Les
MotoGP effectuent leur Warm Up: accaparé par la remise
en état, pas question pour le Team de profiter de l'impressionnant
spectacle…
Les
minutes s'égrènent et il est déjà l'heure de partir pour la ligne
de départ en n'oubliant pas le chariot contenant les outils indispensables
ainsi que deux pneus "pluie", au cas où...
Il
est l'heure; la petite 125 jaune et bleue se retrouve dans la
"cour des grands!"
Les panneauteurs sont sur le muret pendant que Karim suit les
temps sur le moniteur à l'intérieur des stands.
Le
départ est plutôt bon et, peu à peu, Steven gagne quelques
places.
En
regardant les moniteurs, on peut se rendre compte du déroulement
de la course du pilote VTC; à l'attaque derrière
une autre machine, voire profitant de son aspiration, créant
un trou sur son poursuivant ou, à partir de la mi-course,
souffrant légèrement de la longueur de l'épreuve,
beaucoup plus longue qu'une manche du championnat de France...
Soudain,
la tension monte : Steven ne passe plus et les panneauteurs, craignant
une mauvaise nouvelle, se tournent immédiatement vers l'écran
géant alors que Karim change frénétiquement de chaînes sur le
moniteur.
Celui se contente de ne pas afficher de temps mais n'affiche aucune
image de bac à sable qui signifierait une chute.
En fait, il pleut sur une partie du circuit et la course, annoncée
au départ comme " course sèche " est interrompue par les drapeaux
rouges. Néanmoins, on attend Steven avec impatience…
Nouveau
départ dans 15 minutes, pour cinq tours seulement, le temps de
changer les pneus et de briefer le pilote (" reste tranquille
et termine la course ") mais pas d'enrichir la carburation pour
s'adapter aux nouvelles conditions météorologiques.
Steven échange ses sliders contre des modèles plus épais, adaptés
à la piste mouillée.
Le
nouveau règlement ne cumule plus les temps des deux manches et
tous les espoirs sont donc permis lors du deuxième départ, sous
une fine pluie…
Parti
en 23ème position, Steven tourne à seulement 6/10 des meilleurs
temps ; c'est rapide, très rapide, d'autant qu'en tête de course,
quelques pilotes se font surprendre par l'adhérence précaire de
la piste et chutent malencontreusement.
Au bout de trois tours, et alors qu'il n'en reste que deux à parcourir,
sans doute surmotivé par l'espoir de se faire remarquer en Championnat
du monde et de ramener quelques points (ce qui serait effectivement
un véritable exploit !), Steven se retrouve en 13ème position.
Seulement, il se retrouve derrière Alexis Masbou, parti 17ème,
et il est tentant "d'aller chercher" cette vieille connaissance
française…
Hélas, ce qui pouvait arriver arriva et, trop optimiste, il chute
au virage des S bleus en perdant à nouveau l'avant de sa moto!
Evidemment, dans les stands et sur le muret, c'est instantanément
la douche froide après l'excitation …
Personne
ne parle et certains préfèrent s'isoler, même si
tout le monde est conscient qu'il est plus facile d'appliquer
une stratégie devant un moniteur que sur une selle de moto, dans
le feu de l'action.
Steven
rentre peu après, mi énervé, mi apeuré par la réaction de Karim.
Celui-ci en grand professionnel, et en laissant de côté la somme
de moyens et d'énergies mises en place pour ce week-end exceptionnel,
le rassure et lui affirme qu'il n'a rien à se reprocher : "tu
as fait ton boulot, comme tout le monde. Ce n'est pas grave !
Arrête de faire cette tête-là !"
Il est vrai que tout le monde a donné le meilleur de lui-même
et c'était un peu "ça passe ou ça casse"…
La
frustration est là mais c'est le jeu de la compétition et le team
n'a rien à se reprocher : à machines inégales, pas possible de
se faire remarquer sans prendre des risques!
La
progression est d'ailleurs bien présente si l'on compare les temps
à ceux de l'année dernière, ou même à la dernière manche du championnat
de France sur ce circuit, que Steven avait pourtant gagnée (temps
amélioré de deux secondes et quatre dixièmes) !
Les corps sont fatigués, les esprits las, mais il faut encore
laver la machine (pour la débarrasser immédiatement du sable pris
lors de la chute), démonter le stand, recharger le camion et prendre
la route, pendant que chacun essaie de se motiver et de se concentrer
sur le départ pour la prochaine manche du championnat de France;
dans trois jours, au Vigeant, en espérant que la bonne
prestation du Mans s'y concrétisera…
Vu
de l'extérieur, on ne peut qu'être envahi de respect devant tant
de motivation et de professionnalisme de la part de ces bénévoles!
Passion, quand tu nous tiens…
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